Un environnement préservé qui possède une grande diversité de milieux naturels, une faune et une flore étonnantes.

Le domaine du Château du Guildo

Environnement du Château du Guildo.
Crédit : Cédric Bossard

Le domaine du Château du Guildo est une propriété départementale acquise au titre des Espaces Naturels Sensibles (ENS). Il se situe sur la rive Est de l’estuaire de l’Arguenon. Il a une superficie de 5,36 hectares. Le domaine est traversé par le GR34. Ce sentier de randonnée apporte de nouvelles perspectives sur le château et son environnement naturel qui abrite des espèces fragiles, rares et endémiques en Côtes d'Armor. On y trouve une vasière, des bois, un pré salé et une dune.

Photo de l'estuaire de l'Arguenon.
Crédit : Cédric Bossard

Au total, plus de 330 espèces de plantes ont été inventoriées dans la zone à l’occasion d’études botaniques et écologiques. Elles ont été réalisées en 1990, 1993 et 2009. Certaines plantes identifiées lors des inventaires précédents n’ont malheureusement pas été retrouvées en 2009. C’est un milieu fragile et menacé c’est pour cela qu’il bénéficie de différentes protections.

Prairies du domaine du Château du Guildo
Crédit : Elise CUNIN

La baie de l'Arguenon et son estuaire est inventoriée comme Zone Naturelle d'Intérêt Écologique Faunistique et Floristique (ZNIEFF) par l'Institut National du Patrimoine Naturel (INPN). Cette zone fait 381 hectares. Il s’agit d’un site remarquable pour ses récifs marins, ses prairies sous-marines (herbiers de zostères) et ses pelouses dunaires.

Pelouses dunaires du domaine du Château du Guildo.
Crédit : Elise CUNIN

Le domaine départemental du Château du Guildo se situe aussi dans une zone “Natura 2000” qui s’appelle « Baie de Lancieux, Baie de l'Arguenon, Archipel de Saint Malo et Dinard ». L’appellation « Natura 2000 » signifie que le site appartient à un réseau écologique européen de zones spéciales de conservation abritant des habitats naturels. Ce site littoral et marin a une superficie totale de 5142 hectares, 75 % de sa superficie est marine. Il englobe de nombreuses îles et îlots, ainsi que 2 baies : d’une part, la baie de Lancieux avec ses marais maritimes, polders et prairies humides alcalines, d’autre part, la baie de l’Arguenon et son estuaire.

prairie avec des fleurs blanches et chemin du domaine du Château du Guildo.
Crédit : Elise CUNIN

L’anse de la Pépinais

Anse du Château du Guildo.
Crédit : Elise CUNIN

Aux abords du château se trouve une hêtraie remarquable : c’est un boisement rare en milieu littoral. D’autres essences d’arbres sont aussi présentes sur le site, comme des ormes, des frênes ou des chênes. Dans l’anse du Château du Guildo il y a des pré-salés. C’est un espace naturel humide situé entre l’eau douce et l’eau salée. C’est un milieu très spécifique propice à une végétation diversifiée, adaptée à la salinité.

Plante de la vasière de l'espace naturel sensible du Château du Guildo.
Crédit : Elise CUNIN

C’est dans ce secteur que se trouve la plante la plus rare à l’état naturel en Côtes d’Armor qui soit signalée ici : la guimauve officinale. C’est une plante vivace qui est cultivée comme plante médicinale, ornementale et potagère. Si cette plante semble familière, c’est parce que ses racines ont servi dans la composition d'une confiserie molle et sucrée populaire : la guimauve. Il y a environ 4 à 5 pieds sur le site, leur maintien est un objectif important. Malheureusement les pré-salés de l’anse ont perdu en diversité depuis 15-20 ans, certaines espèces n’ont pas pu être préservées. C’est le cas d’au moins cinq plantes remarquables (Trifolium fragiferum, Salicornia obscura, Oenanthe lachenalii, Plantago maritima, Puccinellie fasciculée).

Exemeple de végétation qui se trouve sur les roches de l'anse du Chateau du Guildo.
Crédit : Elise CUNIN

Près de la pointe de la Pépinais, entre les rochers littoraux se trouve une plante rare et endémique du golfe normano-breton : le statice normand. Une plante endémique est une espèce végétale propre à une région géographique spécifique. Elle bénéficie depuis peu d’un statut de protection, n’ayant été découverte que récemment. C’est une plante très menacée dans le site, il ne reste que 5 pieds en 2009.

La Dune de Vauvert

Photo de la dune de Vauvert.
Crédit : Elise CUNIN

La Dune de Vauvert est certainement le milieu le plus fragilisé du site. L’état de conservation de la dune est préoccupant. Les éléments naturels, facteurs d’érosion (vent et marées) et la fréquentation humaine (multiplication des cheminements, piétinement) participent à sa dégradation.

Photo de la dégradation de la dune de Vauvert.
Crédit : Elise CUNIN

Dans ce milieu se trouve pourtant deux plantes menacées qui figurent sur la liste rouge armoricaine : L’avoine pubescente (une graminée rare partout en Bretagne), elle est très bien représentée sur le site, et l’orchis bouc qui est une orchidée peu commune. Les fleurs de cette dernière ont la particularité de sentir mauvais, une « odeur de bouc » forte et désagréable. Seulement 10 pieds ont été retrouvés en 2009 sur le site. Certains pieds ont été prélevés avant la floraison par des promeneurs, ce qui a pour conséquence de diminuer les effectifs restants et même parfois de conduire à la destruction d’une espèce sur le site. Il est important de ne pas cueillir les fleurs sauvages dans les milieux préservés tel que celui-ci.

Photo des orchis bouc sur le site du Château du Guido.
Crédit : Stéphane Berland

Au total plus de 14 plantes remarquables poussent encore au niveau de la Dune de Vauvert. Mais des destructions sont à déplorer, c’est le cas du chardon bleu maritime, une espèce protégé en Bretagne qui n’est maintenant plus présente sur le site. A cause de sa beauté, cette plante est susceptible d’être cueillie pour faire des bouquets séchés. L’érosion de la dune peut aussi être un facteur qui explique sa disparition. Il faut donc veiller à ne pas toucher aux plantes présentes ici car c’est un espace naturel très fragile. Il est possible qu'une dérivation soit temporairement mise en place dans ce cas. Veillez à la respecter et à rester sur le chemin.

Avoine qui se trouve à l'arrière de la dune de Vauvert.
Crédit : Elise CUNIN

Les phoques veaux marins

Phoque de l'estuaire de l'Arguenon.
Crédit : Elise CUNIN

L’embouchure de l’Arguenon abrite une petite colonie de 4 à 5 phoques veaux marins adultes accompagnés de leurs petits. Ils sont régulièrement aperçus se prélassant sur les berges. Ce mammifère carnivore peut mesurer près d'1,80 m et atteindre un poids de 120kg. D'un caractère peu méfiant, ils ne craignent ni les bateaux, ni les nageurs mais restent des animaux sauvages aux réactions imprévisibles. Les dérangements humains ont un très fort impact sur les populations de phoques de la côte. Il est donc important de ne pas les approcher à moins de 300m afin de garantir leur tranquillité.

Les chauve-souris

Photo d'une chauve-souris pipistrelle.
Crédit : Yannic Bellanger

Plus de 10 espèces de chauve-souris (chiroptères) ont été identifiées au total sur le site du Château du Guildo. En Côtes-d’Armor il y a 19 espèces présentes. Les chauves-souris sont les seuls mammifères volants en Europe. Sur le site du Château du Guildo, elles se réfugient dans les vestiges ou dans les arbres creux des bois environnants. Une colonie de mise bas s’est même installée ici, ce qui est relativement exceptionnel. Parmi les espèces de chauve-souris remarquables, il y a le Murin d’Alcathoé qui est une espèce découverte seulement en 2001 en Grèce. Elle n’est pour l’instant que très peu connue sur la Bretagne. La Barbastelle d’Europe et le Grand Rhinolophe sont inscrits dans les annexes de la convention Natura 2000 comme relevant d’un intérêt particulier. Le Grand Rhinolophe présent ici est une chauve-souris qui fait environ 40 cm d'envergure. Sa durée de vie peut atteindre 30 ans. En Bretagne, on estime que 90% des populations ont disparu ces 30 dernières années. Malgré cela, la région accueille encore près de 20 % des effectifs nationaux.

Poissons et oiseaux

Les faucons crécerelle du Guildo
Crédit : Philippe Macquet

Le fleuve de l’Arguenon a une longueur de 53,4 km. Il naît sur la commune du Gouray en Côtes-d'Armor et se jette dans la mer sur la commune de Créhen. C’est un fleuve qui héberge des grands poissons migrateurs. C’est le cas de l’anguille européenne. Ce poisson peut faire jusqu’à 1m50. Il est maintenant considéré comme une espèce menacée en danger critique d’extinction. C'est aussi le cas de la Grande Alose, un autre poisson migrateur présent ici très menacé en France. La population de ces espèces est en forte régression depuis quelques décennies à cause de la pollution, la perte d’habitat et la surpêche. Des lamproies marines, tout aussi menacées en France, sont présentes dans l’estuaire. Ce ne sont pas des poissons mais des agnathes. Elles représentent le niveau le plus primitif des vertébrés et sont caractérisées par l'absence de mâchoire articulée. Leur disque buccal possède des dents qui leur permettent de s'accrocher à diverses espèces de poisson, pour se faire transporter quand elles sont jeunes ou pour se nourrir quand elles sont plus âgées. Elles peuvent mesurer jusqu’à 1m en Bretagne. Le bas de la vasière, inondé à marée haute, héberge des vers (Nereis, Arénicoles), mollusques (Coques, Palourdes, Couteaux) et crustacés en quantité qui attirent de nombreux oiseaux tels que l'Aigrette Garzette, l'Huîtrier Pie, le Courlis, le Tadorne de Belon en été ou encore la Bernache Cravant en hiver.

Bas de la vasière troué par les vers.
Crédit : Elise CUNIN

Les pierres sonnantes

Pierres sonnantes en face du château du Guildo.
Crédit : Elise CUNIN

En face du château, sur la rive gauche de la baie de l’Arguenon, d’étonnantes pierres ont conduit à l’inscription d'une nouvelle pratique à la liste de l’Inventaire du patrimoine culturel immatériel en France, section « pratiques rituelles ». En effet, les « pierres sonnantes » ont la particularité de donner un son métallique lorsqu'on les frappe avec une autre pierre. Le son particulier de ces roches provient du fait qu’elles ont une contenance en fer plus importante qu’une pierre ordinaire. Elles sont éparpillées sur la plage au lieu-dit Goule d’Enfer à proximité du GR34. Les pierres sonnantes sont, comme pour beaucoup de pierres bretonnes, associées à une légende. Ici, elles font référence à Gargantua qui aurait passé une partie de sa vie en Bretagne et aurait laissé des traces. La légende raconte que ces pierres sont issues d’une indigestion de Gargantua qui les aurait avalées puis vomies...

Pierres sonnantes et château du Guildo.
Crédit : Elise CUNIN

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